Eliane, Shelagh, Danielle, Laetitia, Pascale, Cécile,
Monique, Anna, Bernard, Jean-Louis et les deux Philippe bouillaient
intérieurement...une joie immense mêlée d'émotion et de fierté les envahit
brusquement : le jury du Concours International d'Arrezo venait d'attribuer le
premier prix (catégorie romantique) au Madrigal de Bordeaux, prélude à de très
nombreuses distinctions dans la plupart des compétitions internationales pour
cet ensemble vocal « de chambre » dont les répétitions se déroulaient alors
dans le petit salon de la maisonnette de Talence.
Avec de jeunes amateurs la plupart futurs professionnels
de la musique qui en chant, qui en direction de choeur, Eliane pouvait aborder
les répertoires les plus exigeants des compositeurs du moment, Rebotier,
Penderecki, Messiaen... sans négliger pour autant le répertoire classique.
« Mais enfin Eliane, vous ne pouvez être spécialiste en
tout!! » Cette adresse d'un ancien Conseiller à la Musique résonne toujours à
ses oreilles : la seule voie possible pour être officiellement
reconnu serait donc celle de l'enfermement du doctorant en art médiéval sur
l'évolution de la tonsure monacale de novembre 1114 à janvier 1115 ? Non,
décidément, notre artiste boulimique de toutes les musiques a besoin de nourrir
ses interprétations de Messiaen avec Janequin et Brahms, d'ouvrir son
répertoire aux oeuvres les plus ardues
comme cet intense mais sans concession « Ani Maamin » de Darius Milhaud
permettant la rencontre avec l'adorable Paul Mefano, son ensemble 2e2m et
l'énigmatique Michael Lonsdale, complice récent de la cantate « I have a dream
» de Pierre Thilloy avec l'EVA. C'est bien dans cet esprit que le Madrigal actuel,
d'un format très réduit (5-6 chanteurs) propose des programmes en « balade » de
la Renaissance à la musique contemporaine et ne s'interdit pas le répertoire
baroque !
Notre Madrigal « de Bordeaux », malheureusement peu
prophète en sa ville, parcourt le monde entier,
- d'un Moscou triste et gris 6 mois avant la chute du mur
mais au choeur féminin bien accueillant, à Cuba au pire moment de l'embargo,
avec un repas ministériel à base de banane plantain bien peu attrayante et des
coupures incessantes d'électricité mais à la végétation et la musique elles
bien vivantes, sous l'impulsion de l'infatigable Electo Silva ardent artisan du
renouveau choral cubain et de Maria Felicia Perez qui nous émeut aux larmes à
la tête de son extraordinaire ensemble « Exaudi »,
- du festival international de Legnano avec la création
du peu connu et très « marécageux » sixième Nonsense de Petrassi et la
rencontre fructueuse avec Giovanni Acciai, au symposium de Sydney avec une
première australienne des Cinq Rechants d'Olivier Messiaen dans la superbe
grande salle du célèbre Opéra
- de l'école primaire de Floirac où pour les jeunes
écoliers, les artistes en costumes
Renaissance étaient des martiens chantants, au festival de Manille pour un «
Requiem » de Brown d'une grande pureté, coincé entre les kilomètres de
bidonvilles et le centre choral hyper-chic d'une caste vraiment trop aisée...
Mais partout, le bonheur du langage musical partagé d'une
humanité universelle...
Musique Contemporaine...
...Musique Ancienne