Actus, concerts Polifonia

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jeudi 23 février 2012

Chapitre 2 « Pour aller au violon »

Gaston y voyait à peine avec sa lampe frontale dans les égouts de Bourges dont il assurait la maintenance. Tout à coup, son pied rencontre un petit obstacle couvert de boue : il l'attrape avec sa pique, le nettoie avec ses gants et découvre un magnifique portefeuille en cuir bourré jusqu'à la gueule de billets de banque. Personne dans les parages, la tentation est grande, mais l'homme, profondément marqué par la Deuxième Guerre Mondiale qu'il essaye d'oublier dans les bars avec ses camarades, est resté droit. Sans hésiter, il se précipite au commissariat le plus proche où, devant des policiers ébahis, il exhibe le fameux portefeuille sans en avoir extrait le moindre billet... Ses « amis » se gausseront longtemps de lui pour cela, mais c'était sans compter sur la générosité du riche propriétaire qui, ému d'un tel geste, fera à la famille un don permettant l'achat du premier violon d'une petite Éliane au caractère déjà bien affirmé et qui trouvait dans la musique et la danse les espaces infinis qui l'évadaient d'un quotidien au budget serré où les loisirs étaient comptés. Heureusement, la « main verte » paternelle permettait des orgies de haricots verts frais cueillis ou de salades braisées du petit jardin municipal mis à disposition pour les employés de la Mairie.

 
Extrait d'un concerto de Mendelssohn 
avec Stéphane Rougier en soliste,
 l'Orchestre Aquitaine-Hauts-de-Garonne 
et Éliane Lavail à la direction musicale.
Concerts « Félix et Fanny » donnés les 16 et 17 mars 2008 
à l'église St Seurin de Bordeaux.

jeudi 2 février 2012

Et le silence fut

Le dernier accord de la Messe en si de Jean-Sébastien Bach résonna longuement dans la basilique Saint-Seurin de Bordeaux pleine à craquer, les spectateurs longtemps silencieux sous le charme de cette musique du ciel...Éliane pensa alors à Geneviève, la jeune berrichonne subjuguée par le violon de son institutrice de l'école élémentaire de Saint-Georges-sur-Moulon dans le Berry. La vie était dure pour les fillettes des campagnes françaises dans les années vingt : dès 9 ans placées dans les fermes à chauffer la soupe dès 5h pour les maîtres, tirer l'eau glaciale du puits, amener la vache au taureau avec la peur au ventre... Les seuls moments de répit étaient ceux vécus à l'école pendant les quelques mois où le travail de la ferme était moins lourd. La petite Geneviève était très intelligente et rattrapait en peu de temps le retard sur ses camarades plus chanceux qui pouvaient suivre l'école toute l'année. Les moments qu'elle préférait étaient ceux où sa jeune institutrice ouvrait la boite à violon qui ne la quittait pas et en sortait l'instrument dont la sonorité l'émouvait aux larmes : c'était décidé, elle ne savait pas encore comment, mais lorsqu'elle aurait des enfants, ils feraient de la musique !