« Éliane, c'est dommage que tu sois une femme, tu
aurais pu faire carrière ! »...
Ce « compliment » résonna longtemps dans sa
tête: ce premier stage de direction d'orchestre à Raison La Romaine en 1968 lui
ouvrait de fabuleux horizons en même temps qu'il les refermait.
Quelques mois plus tôt, un heureux hasard lui faisait
rencontrer en stage Erwin List pour découvrir la direction de chœur,
discipline plutôt ignorée en France par la plupart des musiciens, mêmes
professionnels, qui considéraient que le fait de savoir lire la musique était
amplement suffisant pour faire chanter les chœurs, quasiment tous amateurs et
de médiocre qualité à l'époque... De plus, par définition, « un chœur,
même professionnel, cela chante faux ! » (encore entendu de la bouche d'un
chef français très connu dans les années 1980).
Bref, un chantier à sa mesure se présentait là, ouvert
en particulier par toute l'équipe de César Geoffray et du Mouvement A Cœur
Joie : Erwin List donc, puis Stéphane Caillat et enfin Philippe Caillard qui
l'entraînaient rapidement dans l'équipe des formateurs des futurs chefs d'une
école chorale française qui devait redonner ses lettres de noblesse à un art
alors bien mal en point.
Commençait alors l'aventure aquitaine de re-fondation
d'un chant choral de qualité avec la casquette de CTP Jeunesse et Sport, multipliant
stages de formations pour chefs et choristes, stages stylistiques
(« Musique baroque en Aquitaine » où elle faisait venir de talentueux
« baroqueux » comme Eugène Ferret, Paul Van Nevel, Alain Sobczak,
suscitant en particulier la vocation de flûtiste baroque de sa Patricia... ).
Elle s'attelait alors au développement d’À Cœur Joie
Aquitaine qui passait en quelques années de quelques dizaines à près de mille
adhérents, dirigeait les grands ateliers aux Choralies de Vaison La Romaine,
abordant aussi bien les Grands Motets de Rameau que la création contemporaine
avec « Le Pont de l'Espérance » de Landowski...
« Ne va surtout pas te perdre avec les amateurs,
ce serait trop dommage ! » : ce conseil de Marcel Couraud, alors chef du
Groupe Vocal de France, auteur du premier enregistrement des célèbres
« Rechants » d'Olivier Messiaen avait eu sur notre héroïne à l'esprit
de contradiction bien trempé l'effet exactement inverse ! Elle aurait, bien des
années plus tard, un prix international d'interprétation sur cette partition
redoutable avec un groupe d'amateurs, certes très éclairés, mais quand même !
Son chemin se ferait d'abord avec les amateurs, pour l'amour d'un art exigeant
partagé avec le plus grand nombre...
Extrait du concert donné en mai 2005
au Palais des sports de Bordeaux par:
Chœur Symphonique Polifonia
Ensemble Vocal d'Aquitaine
Orchestre Aquitaine-Hauts-de-Garonne
Sandrine Labory, soprano
Nadine Gabard, mezzo
Christophe Belliveau, ténor
Vincent Lecornier, basse
Eliane Lavail, direction
Chœur Symphonique Polifonia
Ensemble Vocal d'Aquitaine
Orchestre Aquitaine-Hauts-de-Garonne
Sandrine Labory, soprano
Nadine Gabard, mezzo
Christophe Belliveau, ténor
Vincent Lecornier, basse
Eliane Lavail, direction